Il y a près d'un mois, Mgr Garnier, archevêque de Cambrai, a publié un texte remarquable sur le "oui à la famille" de l’Église. J'ai beaucoup apprécié le passage sur l'inévitable "décalage entre ce que demande l’Église et ce que nous vivons". Oui, le Christ est le chemin, l’Église nous le montre et notre conversion est chaque jour renouvelée.
"Le printemps de la famille".
A
cette époque de l'année, de nombreux "mariages à l'Église" se préparent
! C'est un vrai printemps de la famille lorsque des couples comptent
sur le Christ pour construire leur alliance !
Pourtant,
ma première prière aujourd’hui pourra vous paraître paradoxale : je
prie d’abord pour ceux et celles qui ont connu un échec dans l’Alliance,
une rupture dans leur couple, une épreuve grave dans leur famille. Je
prie pour qu’ils trouvent tous et toujours dans l’Église une vraie
famille qui - sans les juger ni trop vite, ni de haut – les accueille.
Je prie pour ceux et celles qui parmi eux ont faim de l’Eucharistie
qu’ils ne peuvent recevoir. Je sais que pour beaucoup la vérité de leur
communion de désir est connue de Dieu, et de beaucoup d'entre nous.
Mais bien sûr, ma
prière aujourd’hui veut rendre grâce à Dieu pour toutes les familles et
les couples qui, à travers les joies et épreuves quotidiennes, ont tissé
et tissent de l’Alliance autour d’eux, à cause du Christ.
Très
souvent, l’attitude de l’Église concernant le mariage et la famille est
présentée par les médias manipulateurs des consciences comme un
catalogue de NON : non au divorce, non à la cohabitation, non à
l’adultère, non à l’avortement, non à tout ce qui porte atteinte à la
vie de l’embryon, non au clonage….
Mais
ces « non » que l’Église a le courage de dire pour ne pas ressembler
aux poissons morts qui vont toujours dans le sens du courant, ne sont
que l’envers d’un grand « OUI » qui est premier :
P Oui à l’amour de l’homme et la femme dans le mariage sacramentel
P Oui à la fidélité
P Oui à l’indissolubilité
P Oui
à la vie, aux enfants, à la grandeur de la sexualité, au respect de
l’embryon comme être humain, à l'accueil de toute vie fragile ou
handicapée…
En un mot oui à cette cellule fondamentale de la société et de l’Église qu’est la famille.
D’après
les sondages, nous entendons souvent qu’une bonne partie des
catholiques n’accepte pas, ni n’observe ces exigences de l’Église. C’est
le contraire qui serait surprenant – sur ce point, comme sur tous les
autres points de l’Évangile – par exemple le juste rapport à l’argent,
le pardon et l’amour des ennemis, le respect des étrangers en quelques
situations qu’ils soient, la solidarité avec les pays pauvres, plus
généralement avec les Béatitudes et le commandement d’être parfaits
comme le Père céleste est parfait (Mt 5, 7), il y a toujours et il y
aura toujours un décalage entre ce que demande l’Église et ce que nous
vivons. Chaque jour, nous sommes malheureusement très infidèles à
l’Évangile, ce n’est pas pour rien que nous reconnaissons avec lucidité
avant de communier que "nous ne sommes pas dignes de recevoir le Corps
du Christ".
Et pourtant :
P Nous disons oui à la famille parce qu’elle ne vient pas d’abord d’une volonté humaine, mais de la volonté de Dieu. "A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère et il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un…" (Gn 2, 24) ;
P Nous disons oui à la famille, parce que Dieu, qui a voulu cette union de l’homme et de la femme, les rend capables de s’aimer pour toujours, d’être fidèles
l’un à l’autre dans la vigilance prudente, de se faire confiance envers
et contre tout, de se pardonner dès qu’il le faut, de s’entraider aux
heures des épreuves, des échecs, des conflits.
P Nous disons oui à la famille parce que, selon le désir de Dieu, elle permet l’épanouissement le plus sûr des enfants et des adolescents : comme prêtres, nous entendons tellement souvent les drames camouflés que provoque chez eux la séparation de leurs parents.
P Nous disons oui à la famille parce que, selon le projet de Dieu, elle est le fondement d’une société construite sur l’estime,
la solidarité, la confiance, le respect de la parole donnée, l’entraide
mutuelle. Les états totalitaires ont toujours tenté de détruire la
famille pour mieux régenter la société. Quant aux régimes libéraux, ils
cherchent à faire de la sexualité un produit de consommation où l’on
fait de l’autre l’objet dont on se sert avant de le laisser tomber.
P Nous disons enfin oui à la famille parce qu’elle est la première communauté chrétienne, la
"petite Église", l’Église domestique. C’est en elle qu’est vécue la
première annonce de la foi, qu’est offert en premier le trésor qu’est
l’Évangile, qu’est dévoilé en premier le visage aimant de Jésus. C’est
en elle que se fait l’éducation à la prière, que sont célébrées les
fêtes chrétiennes, qu’est encouragée la solidarité, qu’est expérimenté
le pardon, et que s’éveillent toutes les vocations. Dans les pays des
persécutions, aux heures les plus dramatiques, c’est la famille qui
sauve la foi !
Ce oui à la famille,
il est vécu aujourd’hui par beaucoup d’entre vous ! Humblement,
modestement, sans grands discours publics, loin des rampes médiatiques
qui montrent plutôt les échecs et justifient toutes les faiblesses. Que
seraient les paroisses, les mouvements, l’Église, notre société sans
vous ?
Nous vous disons notre estime. Nous vous remercions de ce que vous êtes et faites sans complexe.
Par l’Alliance vécue
que vous recevez comme votre mission quotidienne, vous évangélisez
l’immense champ de mission qu’est l’amour de l’homme et de la femme.
L’Église rend grâce à Dieu pour vous.
Elle veut continuer avec vous de servir le printemps de la famille !
X François Garnier
Archevêque de Cambrai
Source : site web de Mgr Garnier
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