samedi 16 février 2013

Benoît XVI a expliqué le concile aux prêtres du diocèse de Rome



Très belle intervention  du saint père Benoît XVI à Rome, jeudi 14 février, aux prêtres de son diocèse de Rome. Il s'agit d'une forme de testament du pape qui a décidé de renoncer à sa charge à partir de la fin du mois de février. Je retiens tout particulièrement la fin, qui me semble très importante pour notre monde d'aujourd'hui. Car c'est aujourd'hui que le concile se réalise...

"...il y avait le concile des Pères, le vrai concile, mais il y avait aussi le concile des médias. C’était presque un concile en soi, et le monde a perçu le concile à travers eux, à travers les média  Et donc, le concile immédiatement efficace qui est arrivé au peuple a été celui des médias et non pas celui des Pères. Le concile des Pères se réalisait à l’intérieur de la foi, c’était un concile de la foi qui cherche l’intellectus, qui cherche à se comprendre et cherche à comprendre les signes de Dieu à ce moment-là, qui cherche à répondre au défi de Dieu à ce moment-là et à trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et pour demain ; et pendant que tout le concile, comme je l’ai dit, était en marche à l’intérieur de la foi, comme « fides quaerens intellectum », le concile des journalistes, naturellement, ne s’est pas réalisé à l’intérieur de la foi, mais à l’intérieur des catégories des médias de nos jours, c’est-à-dire en dehors de la foi, avec une herméneutique différente.

C’était une herméneutique politique : pour les médias, le concile était une lutte politique, une lutte de pouvoir entre différents courants dans l’Eglise. Il était évident que les médias prenaient position pour la partie qui leur semblait la plus adaptée à leur monde. Il y avait ceux qui cherchaient la décentralisation de l’Eglise, le pouvoir pour les évêques et puis, à travers l’expression « peuple de Dieu », le pouvoir du peuple, des laïcs. Il y avait cette triple question : le pouvoir du pape, transféré ensuite au pouvoir des évêques et au pouvoir de tous, souveraineté populaire. Naturellement, pour eux, c’était celle-là la partie à approuver, à promulguer, à favoriser. Et de même pour la liturgie : la liturgie comme acte de foi n’intéressait pas, mais comme quelque chose où l’on fait des choses compréhensibles, une forme d’activité de la communauté, quelque chose de profane.

Et nous savons qu’il y avait une tendance, qui s’appuyait sur des arguments historiques en disant : « Le sacré est quelque chose de païen, éventuellement de l’Ancien testament. Dans le Nouveau, ce qui compte uniquement c’est que le Christ est mort dehors, en dehors des portes, c’est-à-dire dans le monde profane. Et donc le sacré était à supprimer, et le culte devenait profane : le culte n’est pas un culte mais un acte de l’ensemble, de la participation commune, et donc une participation vue comme une activité. Ces traductions, ces banalisations de l’idée du concile, ont été virulentes dans l’application pratique de la réforme liturgique ; elles étaient nées dans une vision du concile en-dehors de sa propre clé, en dehors de la foi. Et ce fut la même chose pour la question de l’Ecriture : l’Ecriture est un livre, historique, à traiter sur le plan historique uniquement, et ainsi de suite.

Nous savons combien ce concile des médias était accessible à tous. Il a donc été dominant, plus efficace, et il a apporté de nombreuses catastrophes, de nombreux problèmes, vraiment beaucoup de misère : les séminaires fermés, les couvents fermés, la liturgie banalisée… et le vrai concile a eu du mal à se concrétiser, à se réaliser ; le concile virtuel a été plus fort que le concile réel.

Mais la force réelle du concile était présente et, peu à peu, il se réalise de plus en plus et devient la véritable force qui est aussi véritable réforme, véritable renouveau de l’Eglise. Il me semble que, cinquante ans après le concile, nous voyons se fracturer et se perdre ce concile virtuel et nous voyons apparaître le vrai concile dans toute sa force spirituelle.

C’est notre devoir, justement en cette Année de la foi, en commençant par cette Année de la foi, de travailler pour qu’avec la force de l’Esprit-Saint, le vrai concile se réalise et que l’Eglise soit réellement renouvelée. Nous espérons que le Seigneur nous aidera. Moi-même, retiré dans la prière, je serai toujours avec vous, et ensemble, nous avançons avec le Seigneur, avec une certitude : Le Seigneur est vainqueur ! Merci !"

Source : site de l'agence Zenit

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